La tendresse des liens
On sous-estime le besoin de tendresse. Ce besoin viscéral qui nous pousse à tisser des liens, ne serait-ce que ténus, avec autrui.
Cette bouffée de tendresse qui me submerge le coeur...
Quand on se brosse les dents ensemble et que nos regards se croisent...
Quand tu fouilles dans mes tiroirs et que tu m'interroges " C'est quoi une eau miscellaire ? Un masque détox ? Un recourbe cils ? Et que tu te laisses finalement aller à tout essayer mais que "C'est pour me faire plaisir...parce que vraiment, c'est n'importe quoi !"
Quand le jour n'est pas tout à fait levé et que, encore engourdi de sommeil, tu viens glisser ton corps contre mes cuisses brûlantes...
Quand la chaleur du jour a laissé un goût salé sur ta peau...
Quand tu me laisses glisser mes pieds glacés contre toi pour les réchauffer...
Quand tu me caresses doucement pour me montrer que tu t'es rasé de près et que ta barbe de trois jours ne me mettra plus le feu au joues...
Et puis parfois le lien se rompt... s'étire, s'étire et casse. Alors il ne faut pas oublier que la tendresse peut être ailleurs.
Cette tendresse qui m'envahit quand mon neveu court fesses nues dans le jardin en criant "tout nu, tout nuuu !" et que son petit rire fait frissonner jusqu'à l'herbe sous ses pieds...
Quand je vois ma nièce concentrée, imperturbable, penchée sur son dessin qu'elle fait de la main gauche depuis qu'elle a le bras droit dans le plâtre...
Quand ils sont dans mes bras et que je peux sentir le creux de leurs petits cous chauds, que le tendre duvet de leurs cheveux me chatouille le nez, que leur peau si fine, si douce me chavire le coeur d'amour.
Quand je retrouve ma soeur dans leurs regards, dans leurs rires, dans leurs jeux.
Quand ces moments passés ensemble ont le goût de tartines beurrées et l'odeur du chocolat chaud.
Et même parfois quand en oubliant qu'on est lundi et qu'il a de nouveau enfilé son costard, je vois ce mec danser dans le métro sur une mélodie qu'il est le seul à entendre...
Quand dans les rayons, j'entends un petit bonhomme expliquer patiemment à sa soeur qu'elle peut choisir toute seule son yaourt, que non la crème, ce n'est pas yaourt, oui c'est aussi fait avec du lait mais que ce n'est pas un dessert...
Quand c'est l'heure de se quitter mais que les deux amoureux sur le quai n'arrivent pas à se lâcher, s'embrassent à pleine bouche, encore et encore...
Ne pas négliger la tendresse...